lundi 5 mars 2007

« Ecriture » architecturale

Les architectes écrivent des textes et des livres pour l’architecture…
Quelques éléments pour prolonger la réflexion sur les logiques de l’écriture architecturale.

La tradition littéraire utopique les écrits architecturaux et urbanistiques :
« On s'aperçoit alors que l'utopie, en tant que catégorie littéraire créée par Thomas More, comporte deux traits communs à tous les écrits de l'urbanisme : l'approche critique d'une réalité présente et la modélisation spatiale d'une réalité à venir. Elle offre, au niveau de l'imaginaire, un instrument de conception a priori de l'espace bâti, le modèle. »
(F. Choay, La règle et le modèle. Sur la théorie de l'architecture et de l'urbanisme, Seuil, Paris, 1980).

La nécessité « communicationnelle » théorisée par des philosophes.
Inévitablement imprégnés et producteurs d’une culture de l’image, les architectes sont néanmoins obligés d’expliquer ou de justifier leurs propositions visuelles au moyen du langage verbal voire par une mise en récit.

Deux philosophes nous aident à penser ce passage obligé.

Paul Ricœur : "il existe entre l’activité de raconter une histoire et le caractère temporel de l’expérience humaine une corrélation qui n’est pas purement accidentelle, mais présente une forme de nécessité transculturelle"
(Temps et récit, tome I, Seuil, Paris, 1983, p.85.)

Jürgen Habermas ajoute que le récit : "a aussi une fonction de compréhension de soi pour les personnes qui ont à objectiver leur appartenance au monde vécu dont elles font partie, en leur qualité actuelle de participants à la communication",
(Théorie de l'agir communicationnel, tome 2, Fayard, (1981) 1987, p.150.)

Pourtant la culture de l'image est omniprésente !
Le lexicologue G. Matoré a montré comment la civilisation de l’image (des années 1950-60) conduit à réinjecter des métaphores spatiales dans le langage quotidien, parce que :
"Le moins esthète de nos contemporains regarde [des tableaux cubistes], consulte des cartes, sait lire un croquis coté, étudie des schémas, admire la beauté géométrique des gratte-ciel et des cités radieuses."
(G. Matoré, L’espace humain, Paris, Librairie A. G. Nizet, (1ère éd. 1962) 1976.)

Rappelons aussi que cette civilisation de l’image a aussi été analysée par des spécialistes de la société urbaine comme G. Simmel, L. Wirth ou R. Sennett.

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